Inondations dans le Sud de l’Inde : apportez votre soutien
Chers Amis,
Nous aurions aimé vous apporter de meilleures nouvelles en cette fin d’année.
Nos médias belges en ont très peu parlé, mais le sud de l’Inde vient de subir des pluies torrentielles, notamment au Tamil Nadu et plus particulièrement dans la ville de Chennai (Madras – 6 millions d’habitants au moins). L’ampleur de la catastrophe dépasse ce qu’on a pu voir depuis plus de 100 ans. Les rapports de nos amis indiens et les photos ci-dessous en témoignent. Dans cette région, nous collaborons avec Ekta Parishad mais aussi avec plusieurs autres partenaires depuis de nombreuses années. Tous nous expliquent que, si une telle catastrophe atteint également riches et pauvres, ce sont évidemment ces derniers qui en subissent les plus grands dommages. Or ce sont précisément avec “ces plus démunis” – dalits (intouchables), adivasis (tribaux), pécheurs artisanaux,… – que travaillent tous nos partenaires.
Nous nous sommes donc résolus à faire appel à votre générosité pour l’ensemble de nos partenaires du sud de l’Inde. Sans faire de longs discours, nous vous confions ci-dessous quelques extraits de différents messages reçus cette dernière semaine, ainsi que quelques photos qui parlent d’elles-mêmes.
A travers les réjouissances familiales toutes proches et en dépit des “problèmes” dans notre propre pays, merci pour la solidarité que vous témoignerez à l’égard de nos amis indiens.
Pour Ekta Parishad-Belgique,
Jacques Vellut
ektaparishad.belgium@gmail.com
Pour apporter votre soutien financier à nos différents partenaires
compte BE44 523-0431038-45 de « Mercy Home », avec la mention « Inondations » (pas d’attestation fiscale) « Mercy Home », asbl, est un groupe de solidarité qui soutient plusieurs projets en Inde, surtout au Tamil Nadu, depuis 1980 Notre association est habilitée à recevoir des legs. OXFAM-Solidarité a reconnu ce projet et en a confié la gestion à « Mercy Home ». En versant votre don à leur compte vous recevrez une attestation fiscale (à partir de 40€ par an.) BE37 000-0000028-28 de « Oxfam-Solidarité », mention obligatoire « BEL/OO131 – 8056 Inondations » |
L’aéroport international Tous les trains bloqués
Extraits de différents témoignages :
La pluie a commencé lentement au mois d’octobre, exactement le 27 octobre, mais elle s’est intensifiée, si bien que le gouvernement a déclaré les 4 et 5 novembre jours de congé. Finalement, les écoles et les collèges ont été fermés du 7 au 18 novembre à cause des pluies torrentielles. Après deux jours d’accalmie (19 et 20 novembre), les pluies torrentielles ont repris jusqu’au 7 décembre, affectant tout particulièrement la ville de Chennai. Plusieurs autres districts plus au sud ont été aussi gravement touchés.
Aujourd’hui Chennai ressemble à une île. La ville compte 6 millions d’habitants, et 4 autres millions y accèdent régulièrement pour leur travail, l’éducation, les affaires ou le tourisme. L’évacuation des eaux de pluie se fait vers la mer via 3 rivières ou canaux, et avec plusieurs lacs qui servent de « tampons ». Mais cette fois, le niveau de l’eau à évacuer était 10 fois plus important que d’habitude, et comme, de plus, la mer était fort agitée, l’eau ne pouvait plus s’écouler normalement vers la mer et a envahi la plupart des quartiers. Une situation que nous n’avions jamais connue depuis 107 ans.
Même si ces inondations catastrophiques nous donnent un exemple très concret du réchauffement climatique – phénomènes extrêmes, en pluie ou en sécheresse – il faut reconnaître dans ce cas-ci que c’est en partie dû à l’homme : plusieurs lacs qui servent de retenues d’eau pour la ville ont été comblés et les bords des canaux qui mènent à la mer ont été complètement urbanisés, ce qui a incontestablement contribué à la gravité des inondations ! Il faudra plusieurs mois pour revenir à la normale, et les problèmes de santé n’apparaîtront que dans quelques semaines.
Toutes les routes ont été bloquées, certains ponts se sont écroulés, tout le transport routier a été perturbé, les trains et les métros à l’arrêt, l’aéroport fermé, coupure de l’électricité et des réseaux téléphoniques mobiles. Les gens sont restés bloqués plusieurs jours dans leur maison, et lorsque le niveau de l’eau a encore augmenté, ils se sont réfugiés dans les écoles, les églises et les salles publiques, partout où c’était possible. Moi-même, pendant plusieurs jours, je n’ai pas su rentrer chez moi car mon quartier était complètement bloqué. Aujourd’hui toutes les routes sont ouvertes, sauf celle qui longe la côte, mais elles ont subi de nombreux dégâts. Entre-temps, faute de transports et les magasins étant fermés, les gens ont commencé à manquer de nourriture (surtout les enfants).
Dans un des célèbres hôpitaux de Chennai, le MIOT, 18 patients sont morts suite au manque d’oxygène, faute d’électricité et d’essence ou diesel pour le générateur. De nombreux hôpitaux ont été envahis par l’eau et les patients ont parfois été évacués par bateau vers d’autres hôpitaux, et les médecins étaient en nombre insuffisant par rapport au nombre de patients. Le gouvernement a annoncé 347 morts, mais c’est sans compter ceux qui sont disparus ou non encore recensés.
Dans une telle situation, il est réconfortant de voir les nombreuses personnes généreuses – sans distinction de caste ou de croyance – qui aident les personnes les plus affectées, plusieurs ont même transformé leur maison en centre de secours pour les gens de leur quartier.
Les gens doivent réellement se démener tous les jours pour satisfaire à leurs besoins essentiels, la nourriture, l’habillement, les médicaments. De nombreuses associations viennent à leur secours mais cela paraît comme une goutte d’eau dans un océan. Dans notre école primaire, l’eau est montée à 1,50m, tout le matériel est fichu, et comme l’eau est arrivée pendant la nuit, nous n’avons rien pu sauver. Dans un village proche, l’eau est même montée à 3m. Heureusement tous les enfants et les enseignants sont saufs.
Dès le 2 décembre, avec un groupe de jeunes, nous avons également participé aux secours, partout où nous pouvions circuler, notamment dans la zone de bidonvilles que vous aviez visitée près de la paroisse. Leurs maisons et huttes ayant été emportées par les inondations, les habitants ont été hébergés dans un local paroissial pendant plus d’une semaine. Pendant 5 jours, nous avons servi plus de 2.000 repas par jour, ensuite le nombre a diminué progressivement, car les gens essayaient de regagner ce qu’il restait de leur hutte. Nous avons également préparé et distribué un millier de kits standards, comprenant 5 kg de riz et différents autres aliments de base ainsi que des produits de première nécessité. Chaque fois que c’était possible, nous nous sommes coordonnés avec d’autres ONG, mais dans certains quartiers nous étions les premiers à venir à leur secours et les gens avaient été trois jours sans nourriture. Lorsque c’était possible, nous avons également organisé des consultations médicales avec l’aide de médecins locaux. D’ici quelques semaines, nous envisageons aussi de faire du travail de sensibilisation auprès des gens sur tous les problèmes liés aux changements climatiques.
Nous ne sommes pas encore remis de cette tragédie, et nous sommes conscients que nous restons en danger d’autres événements de ce genre, suite au réchauffement climatique et aux politiques d’urbanisation déficientes. Nous pourrions continuer à vous raconter cette tragédie pendant des heures et des heures, mais à l’heure actuelle, notre préoccupation est d’offrir de la nourriture et un abri temporaire à ceux qui en ont besoin. Plus tard, nous devrons étudier de quelle façon nous pourrons apporter un début de réhabilitation à tous ces gens, dans la limite de nos moyens.