Belgique : Multinationales et rulings – La Belgique s’apprête à obéir à la Commission, mais … – La Belgique va en appel de la décision de la Commission sur les Excess Profit rulings
A contrecoeur, la Belgique s’apprête à dénouer ses « Excess profit rulings »
Johan Van Overtveldt prépare un projet de loi visant à récupérer, auprès des multinationales, les sommes non perçues.
Même en avançant à reculons, on finit toujours par se rapprocher de sa destination – quand bien même on eût aimé s’en éloigner le plus possible. C’est la situation dans laquelle se trouve le Fédéral et singulièrement le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA).
Poussé dans le dos par l’Europe, le grand argentier a demandé à son administration de travailler sur un projet de loi. Dont le principe est assez simple: enrôlement et exigibilité immédiats, à l’impôt des sociétés, des montants auxquels la Belgique avait pourtant décidé de renoncer, dans le cadre de ses « excess profit rulings », EPR pour les intimes.
• Les excess profit rulings, qu’est-ce que c’est? Ce mécanisme, instauré en 2005, permettait à des entreprises de fortement sabrer (jusqu’à 90%!) dans leur base imposable en Belgique, en retranchant l’avantage qu’elles tiraient de l’appartenance à un groupe international. Une ficelle fiscale un peu grosse aux yeux de la Commission européenne, qui, en janvier dernier, l’assimilait à une aide d’État. Et n’en restait pas là, puisque dans la foulée, elle demandait à la Belgique de récupérer les montants indûment non perçus. La somme est coquette: environ 940 millions, répartis entre une bonne trentaine de multinationales.
La Belgique, elle, fulmine. Pour Johan Van Overtveldt, l’Europe fait fausse route et risque de générer une insécurité juridique à même d’écorner le blason belge et de faire fuir entreprises et investisseurs. Ni une, ni deux: fin mars, la Belgique fait appel de la décision, devant le Tribunal de l’Union européenne. Une double procédure. Une en annulation, afin de casser la décision européenne. Et l’autre, en urgence, afin d’obtenir sa suspension. Cette manche-là est perdue: fin juillet, la juridiction a balayé la seconde demande belge. Résultat: en attendant que l’affaire soit jugée sur le fond, voilà la Belgique tenue de réclamer ses sous aux entreprises concernées.
Le retour des notionnels
Tel est l’objet du projet de loi que, à son corps défendant, Johan Van Overtveldt mijote.
Allez, en ces temps de disette et d’élaboration du budget 2017, ne serait-il pas permis d’y trouver malgré tout quelque réconfort? Ces 940 millions d’euros, cela représente une part non négligeable des 2,4 milliards que le gouvernement Michel doit dénicher d’ici la fin 2017. Pas si vite. Parce que, si elle se réalise, cette recette sera une opération unique – or l’Europe n’aime rien tant que les mesures récurrentes.
Surtout, fait-on valoir au cabinet des Finances, il ne faudrait pas croire que la Belgique est en position de réclamer ces fameux 940 millions. En fait, il va falloir recalculer l’impôt des sociétés concernées, entre 2005 et 2015, afin de déterminer la hauteur exacte de cette aide d’État. Oui, parce qu’en faisant appel à ces EPR, les entreprises ont vraisemblablement renoncé à d’autres mécanismes de déduction à leur disposition dans l’arsenal fiscal belge, qui est plutôt bien fourni. Sans ces EPR, peut-être ces sociétés auraient-elles joué d’autres cartes, comme les intérêts notionnels ou le report des pertes du passé.
On sent que cela va donner du grain à moudre au SPF Finances.
Budget équilibre: en 2018 ou… plus tard?
Ce qui est bien, quand les négociations budgétaires n’ont pas vraiment débuté, c’est que chacun peut y aller de sa petite phrase. Le week-end dernier, c’était au tour du vice-Premier CD&V Kris Peeters. Qui indiquait, dans les colonnes du Soir et du Standaard, que le retour à l’équilibre budgétaire en 2018 n’allait plus forcément de soi. « Je suis préoccupé par le risque que cette opération budgétaire ne compromette la reprise de l’économie et la création d’emplois à laquelle nous assistons. » Et de demander aux ministres du Budget et des Finances de clarifier les choses.
Eh bien, il a été entendu. Ce lundi, Johan Van Overtveldt (N-VA), a balisé l’exercice: le retour à l’équilibre en 2018 reste l’objectif. Avec un taux de dépenses publiques supérieur à 50% du PIB, des efforts doivent être possibles, argumente le grand argentier. Qui ironise: les craintes de Peeters relèvent d’un « keynésianisme dépassé« .
Bref, CD&V et N-VA s’échangent une fois de plus des amabilités.
Et sinon, 2018 ou pas? La réponse s’inscrira en filigrane du budget 2017, qui doit encore être négocié.
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L’Echo – Journal en Ligne 16/06/16 09:35
Les multinationales qui ont bénéficié d’avantages
fiscaux pourraient subir une double imposition – Pieter Blomme
Les 35 sociétés multinationales qui, ensemble, doivent rembourser près d’un milliard d’euros à l’Etat belge suite à la suppression par l’Europe des « excess profit rulings » pourraient se retrouver avec une épée de Damoclès fiscale au-dessus de leur tête.
La nouvelle de la suppression par la Commission européenne des accords fiscaux conclus ces dix dernières années entre le Service belge de décisions anticipées (ou Ruling) et plusieurs multinationales, a résonné comme un coup de tonnerre. Pendant des années, de nombreuses sociétés ont pu bénéficier d’une exonération d’impôt pour la partie des bénéfices qu’elles réalisaient à l’étranger. Certaines entreprises ont pu ainsi réduire leur bénéfice imposable de 88%.
Mais suite à l’intervention de la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, 35 multinationales ayant obtenu un « excess profit ruling », sont aujourd’hui obligées de payer des impôts sur les bénéfices « excédentaires » réalisés ces dernières années.
Pour certaines entreprises, la facture pourrait s’avérer salée. Pour citer un exemple: la firme suédoise Atlas Copco devra rembourser 300 millions d’euros à l’Etat belge. Parmi les autres gros bénéficiaires du système, on trouve le groupe brassicole AB InBev, le géant pétrolier britannique BP, le groupe de prêt-à-porter français Celio, le groupe chimique allemand BASF, et l’opérateur de télécoms belge Proximus. Au total, la facture se monte à près d’un milliard d’euros pour les 35 multinationales concernées.
Il est probable que les multinationales seront également taxées dans d’autres pays. Sous la pression de l’OCDE, le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) s’est engagé à communiquer tous les rulings belges aux autres pays. La Belgique s’inscrit ainsi comme pionnière en Europe.
Mais la décision d’échanger ces rulings pourrait avoir un effet pervers: si les « excess profit rulings » sont échangés, il est probable que d’autres grands pays songeront à récupérer le manque à gagner dont ils ont souffert ces dernières années. Les sociétés ne risquent donc plus seulement de recevoir une facture fiscale du gouvernement belge, mais sans doute aussi d’autres pays.
« Les conséquences pourraient être énormes pour ces multinationales », estime Isabel Verlinden, partenaire au cabinet de consultance PwC. Elle négocie pour ses clients – des multinationales – des rulings dans le monde entier. « D’une part, l’OCDE demande que l’on échange les rulings. Mais si nous le faisons, les autres gouvernements nous attendront avec un grand drapeau rouge parce qu’ils estiment qu’ils ont aussi droit à une part du gâteau », poursuit Verlinden.
Mécanismes insuffisants
Elle espère que la Commission européenne fera preuve d’un peu plus de compréhension pour les problèmes rencontrés par les entreprises suite à cette décision. « Les mécanismes existants pour éviter la double imposition ne sont pas suffisants », insiste-t-elle.
Le gouvernement Michel se montre lui aussi pugnace. Van Overtveldt a prévenu que 14.000 personnes travaillaient dans les entreprises concernées. Par ailleurs, il craint que la Belgique ne voie jamais le moindre centime, vu qu’il est probable
Journal en Ligne 16/06/16 09:35
que les entreprises attaqueront l’Etat belge. Elles ont en effet obtenu il y a dix ans la promesse que ces rulings seraient respectés. Le gouvernement – ainsi que plusieurs entreprises – ont en tout cas décidé de faire appel contre la décision de la Commission européenne. Mais cet appel n’est pas suspensif. Entretemps, les lettres adressées aux entreprises ont été envoyées. On y mentionne le montant à payer. Quant au délai à respecter pour ces remboursements, il fait encore l’objet de discussions avec la Commission. |
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Ce 4 avril, la Belgique va en appel de la décision de la Commission :
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un article explicatif de M. Van Hees (PTB) sur les fameux « rulings » à la Belge :
Comment les multinationales écrivent les lois fiscales
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Les hésitations persistantes du ministre des finances qui veut examiner légalement un refus éventuel à réclamer les 700 millions accordés via les excess profit rulings …
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Les 36 sociétés bénéficiaires sont maintenant connues :
Les noms des 36 sociétés bénéficiaires d’excess profit rulings (dont deux du groupe AB Inbev) ont été dévoilés dans la presse ce matin : 2 milliards d’euros de bénéfices ont ainsi pu échapper à l’impôt. Le PTB demande que les textes de ces rulings soient publiés : leur contenu doit pouvoir faire l’objet d’un contrôle démocratique.
Que contiennent les 36 accords conclus par ces sociétés avec le service des décisions anticipées (SDA) ? Légalement, les rulings doivent être publiés par le SDA, mais celui-ci a toujours refusé de le faire pour une catégorie particulière : les excess profit rulings.
Pourtant, la connaissance du contenu de ces accords est essentiel eu égard aux nombreuses questions qui se posent.
- Qu’est-ce qui a valu que la Commission européenne les juge illégales ?
- Ces accords sont-ils conforment avec le prescrit de l’article 185 §2 du code des impôts sur les revenus, qui organise le mécanisme dit « excess profit rulings » ?
- Ces accords sont-ils basés sur la réalité économique ou sur des constructions fiscales totalement virtuelles ?
- Sur base de quelles règles ont été valorisés les montants des déductions ?
- N’y a-t-il pas eu aucune forme de complaisance de la part du service des décisions anticipées ?
- Quels sont les intermédiaires qui ont négocié ces rulings pour les sociétés bénéficiaires (il se dit que les Big Four auraient leurs entrées au 24 rue de la Loi) ?
- Toutes les règles déontologiques ont-elles été respectées ?
Pour le député fédéral PTB Marco Van Hees, « il est essentiel que les textes de ces rulings soient publiés et que leur contenu puisse faire l’objet d’un débat parlementaire en profondeur, pas seulement sur les excess profit rulings, mais sur le fonctionnement général des décisions anticipées. L’enjeu est démocratique. Certains prétendent qu’il y aurait deux démocraties dans ce pays et je me demande s’ils n’ont pas raison : pas celles du nord et du sud, mais d’un côté celle des multinationales qui obtiennent des taxations sur mesure, tandis que, de l’autre côté, les contribuables ordinaires doivent se contenter d’un prêt-à-taxer particulièrement lourd. »
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Des avantages arrêtés sans débat, qui datent de 2004, à l’époque du Ministre Reynders !
le point de vue d’Eurodad : http://www.eurodad.org/BelgianIllegalStateAid
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-42_en.htm
http://ec.europa.eu/avservices/video/player.cfm?ref=I114917
Le Monde – 13 janvier – Les pratiques fiscales belges condamnées par Bruxelles
La Commission européenne condamne le tax ruling.
» Les 35 multinationales qui avaient bénéficié d’accords fiscaux sont sommées de rembourser 700 millions d’euros à l’Etat belge, qui n’en veut pas… »
DONC l’Etat belge NE VEUT PAS de cette manne céleste et préfère réduire les salaires par le saut de l’index – Exclure des jeunes et moins jeunes de l’allocation chômage – etc…etc…etc…

Le gouvernement belge refuse de voir sa caisse trouée être renflouée par les multinationales … ceci montre combien les gouvernements tremblent d’abord devant celles-ci et nullement devant les autorités européennes ! Où est Bruxelles, le « coeur de l’Europe » … ?
On devrait pouvoir en rire, si ce n’était à pleurer : « ce sont toujours les p’tits qu’on spodge », comme on dit chez moi car ce sont eux qui paient ces avantages fiscaux considérés comme aides d’Etat, à moins de diminuer les dépenses publiques (SNCB…) et de s’attaquer à la sécurité sociale …
Voir ici les propositions de Mr De Wever en matière d’économies dans la Sécurité sociale et les commentaires critique de J.Hindriks (UCL) qui veut lui réformer la Sécurité Sociale, … merci au gouvernement des « droites ».
Tout ceci n’est pas étonnant avec un gouvernement des « droites » et un ministre des Finances NVA au service des puissants notamment du VOKA ! – La rapidité de la réaction fait bien comprendre que la Belgique est alignée dans le domaine de la fiscalité depuis bien longtemps sur le Luxembourg, sans oser le dire, et que Me Vestagher est bien seule. On attend la réaction de JC Juncker qui se taira le plus possible !