UE : Appel du Parlement européen à intensifier la coopération fiscale – les scandales CumEx à suivre – Coopération accrue entre autorités fiscales nationales et plate-formes de vente numériques -U. von der Leyen refuse une action cohérente contre les passeports dorés – Réaction de la Commission sur les passeports dorés à Chypre – Chypre et sa mafia : un coup d’arrêt ! – 1.000 jours après le meurtre de la journaliste Daphné Caruana Galizia – Huit pays européens n’ont toujours pas transposé la directive antiblanchiment – Le nouveau premier ministre de Malte doit combattre la corruption – Malte est-il un Etat de Droit ? – Malte et le blanchiment au Parlement européen ?! – Vers une autorité européenne contre le blanchiment – Que va faire la présidente de la Commission ? – Sven Giegold à Malte prochainement avec la Commission du Parlement européen – La démission du premier ministre de Malte est réclamée et obtenue- Démission du chef de cabinet du premier ministre à Malte – Arrestation à Malte, le ministre du Tourisme et son chef de cabinet démissionnaire ? – deLe Deutsche Bank se retire de Malte – Malte se déchire – l’île, qui préside l’Union européenne, est bien un paradis fiscal !
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Malte: Robert Abela doit entamer un redémarrage politique

L’eurodéputé Sven Giegold, porte-parole de la politique économique et financière du groupe Verts / ALE, commente la prise de fonction du nouveau Premier ministre maltais, Robert Abela:
«Abela fait face au grand défi de lancer un redémarrage politique à Malte. Un redémarrage n’est possible que s’il s’éloigne clairement de l’ancien système de corruption et de clientélisme. Abela mérite une chance, mais le scepticisme est de mise. Il était conseiller juridique de l’ancien Premier ministre Muscat et faisait donc partie de l’ancien système. Malte doit enfin se conformer aux règles européennes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, d’indépendance du pouvoir judiciaire et de contrôle bancaire. La corruption et le clientélisme dans les marchés publics et les procédures de planification dans le secteur de la construction doivent être systématiquement poursuivis.
Le nouveau gouvernement doit s’attaquer à tous les problèmes qui ont conduit au meurtre de Daphne Caruana Galizia. À cette fin, le gouvernement maltais doit mettre pleinement en œuvre les recommandations de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe. La Commission européenne devrait immédiatement entamer le dialogue avec les nouveaux dirigeants maltais dans le cadre de la procédure d’état de droit. L’Europe ne peut plus ignorer la culture de l’impunité pour le blanchiment d’argent et la corruption. La Commission européenne doit engager une procédure au titre de l’article 7 si aucun progrès n’est réalisé par le gouvernement maltais ».
La dernière résolution de Malte du Parlement européen:
https://sven-giegold.de/malta-parliament-vote-shows-commission-must-begin-rule-of-law-dialogue/
Malte: le vote du Parlement montre que la Commission doit entamer un dialogue sur l’état de droit

Aujourd’hui, à l’initiative du groupe des Verts / ALE, le Parlement européen vient de voter à une très large majorité (seule l’extrême droite s’est abstenue) une résolution sur l’État de droit à Malte, après les récentes révélations autour du meurtre de Daphne Caruana Galizia. Le vote invite la Commission à engager un dialogue avec le gouvernement maltais dans le cadre du cadre pour l’état de droit. Ces dernières semaines, des alliés proches du Premier ministre Joseph Muscat ont démissionné et ont été impliqués dans le meurtre. Le Premier ministre Muscat a annoncé sa démission en janvier.
Sven Giegold, député européen des Verts / ALE qui a participé à la récente mission du Parlement à Malte, commente:
«Notre vote d’aujourd’hui montre que le Parlement européen défend tous les Maltais en défendant leur droit de vivre dans un pays européen fondé sur l’État de droit. Les vrilles et les fanfaronnades du parti travailliste maltais, que nous avons vu cette semaine au Parlement européen, prouvent que le gouvernement maltais n’est pas sérieux pour s’attaquer aux problèmes généralisés qui conduisent à l’assassinat du journaliste le plus en vue du pays. »
«La Commission européenne ne peut plus fermer les yeux sur la culture de l’impunité en matière de blanchiment d’argent et de corruption à Malte. La Commission nouvellement élue doit entamer un dialogue avec le gouvernement maltais sur l’état de droit en vue d’entamer une procédure au titre de l’article 7, si aucun progrès immédiat n’est réalisé du côté maltais. »
«Le blanchiment d’argent rampant, la vente de passeports et la corruption de haut niveau témoignent d’une non-application systématique de l’état de droit. Le maillon le plus faible de notre Union est tout notre problème. La Commission doit lancer des procédures d’infraction pour garantir que Malte se conforme pleinement au droit de l’UE en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, de contrôle bancaire, d’indépendance judiciaire, de marchés publics et de planification. La vente de passeports maltais constitue une violation flagrante de l’obligation de coopérer sincèrement entre les États membres. Les actions en contrefaçon doivent être lancées immédiatement. »
Résolution sur l’état de droit à Malte:
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/B-9-2019-0240_EN.html
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Malta: European Parliament demands investigation in the framework of the rule of law mechanism
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On Tuesday, the European Parliament and the European Commission will debate the state of the rule of law in Malta. The plenary in Strasbourg will then vote on a resolution on Thursday. The resolution follows the visit of a European Parliament mission to Malta following revelations about the murder of the Maltese journalist Daphne Caruana Galizia.
After the Commission under Jean-Claude Juncker and Frans Timmermans closed its eyes to the continuing rule of law issues in Malta, the MEPs in their resolution once again urge the new Commission to engage in dialogue with the Maltese government. The resolution expressly acknowledges the statements made by Vera Jourova, Vice-President of the Commission, that time has come to trigger a rule of law procedure. The Commission should use all means at its disposal to ensure that Malta complies with European law on money laundering, banking supervision, judicial independence and public procurement.
The resolution clearly identifies Malta’s deficiencies in the areas of the rule of law, tax evasion, money laundering and corruption and expresses its doubts about independent investigations into the Daphne murder as long as the incumbent Prime Minister Joseph Muscat is in office. The resolution calls on the Maltese authorities to investigate allegations of money laundering and corruption against the resigned members of government.
The debate on Tuesday 17 December will be broadcast live from 9.00 a.m. onwards:
https://www.europarl.europa.eu/ep-live/en/plenary/video?date=17-12-2019
The final draft resolution can be downloaded here:
https://sven-giegold.de/wp-content/uploads/2019/12/191213-Draft-Resolution-RoL-Malta-final.pdf
Last week the EU Parliament had already sent letters to the European heads of state and government calling on them to make a statement on the situation in Malta and asking Commission President Ursula von der Leyen to initiate investigations in the context of proceedings against Malta under the rule of law:
https://sven-giegold.de/malta-eu-summit/
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Les ministres des Finances de l’UE ont fait un pas en avant important dans la lutte contre la corruption … !
EU Finance Ministers agree on important step forward in the fight against money laundering
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Today, European Finance Ministers will adopt their conclusions on strategic priorities in the fight against money laundering and terrorist financing. In its conclusions, the Council encourages the European Commission to take steps to improve cooperation between the competent national anti-money laundering authorities. This includes the replacement of certain provisions of the Anti-Money Laundering Directive with a directly applicable EU Regulation. In particular, the Finance Ministers invite the EU Commission to examine the establishment of a European Coordination Unit for suspicious transaction reports (« European FIU ») and a European Anti-Money Laundering Authority. The Council thus follows the initiative of Olaf Scholz and five other EU Finance Ministers who promoted a dedicated EU authority against money laundering in a joint position paper. Driven by the Greens/EFA group, the European Parliament has long been calling for a triad of FIU, anti-money laundering authority and financial police at EU level.
MEP Sven Giegold, financial and economic policy spokesperson of the Greens/EFA group commented:
« The conclusions of the Finance Ministers are an important step forward in the fight against money laundering. This paves the way for a truly European approach to combating financial crime. The repeated money laundering scandals in Europe threaten fair competition and are a security risk. A European coordination body and a European anti-money laundering authority are the right approach. However, one element is still missing in the Finance Ministers’ package. We also need a European financial police force to prosecute cross-border money laundering cases. The European Parliament has repeatedly called for this European triad in response to the money laundering scandals of recent years. The EU Member States must also urgently strengthen their cooperation in police investigations. Joint investigation teams against cross-border financial crime would already be possible within the framework of Europol.
The European governments rightly call on the Commission to replace the European Anti-money Laundering Directive with a directly applicable Regulation. However, new proposals by the EU Commission must not distract from today’s inadequate enforcement of existing European law in the Member States. The EU Commission should initiate infringement proceedings also against Germany for not enforcing EU provisions on anti-money laundering. We do not need further interim reports, but concrete measures against money laundering and terrorist financing. »
Link to the Draft Conclusions of the Finance Ministers on the strategic priorities in the fight against money laundering and terrorist financing:
https://sven-giegold.de/wp-content/uploads/2019/12/draft-aml-conclusions-25112019.pdf
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A propos de Malte : Que va faire la présidente de la Commission ?
https://sven-giegold.de/malta-eu-summit/
Malta: If von der Leyen does not act, she risks her credibility
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Ursula von der Leyen reacted to the situation in Malta in a press conference. Yesterday, a delegation from the European Parliament completed its urgent mission to Malta and presented a final report. On the same day during her first regular press conference in her new office regarding the rule of law in Malta, Von der Leyen only said that the EU Commission would cooperate with the Maltese authorities in reforming the judicial system. It did not comment on a possible rule of law procedure.
Sven Giegold, spokesman for Bündnis 90/Die Grünen in the European Parliament, who participated in an EP mission to Malta, commented:
« Ursula von der Leyen’s reaction to the massive problems in Malta is far too weak.
Von der Leyen seems to fail her first test to protect the rule of law. It’s not just a question of reforming the judicial system. Von der Leyen must not turn a blind eye to the culture of impunity when it comes to corruption and financial crime in Malta. A fundamental problem is that Malta often has no investigations at all into cases of corruption or money laundering. If von der Leyen takes the report of the European Parliament seriously, she must act now. The EU Commission should initiate rule of law investigations otherwise she will face a severe credibility problem. If von der Leyen does not initiate rule of law proceedings in this situation, when will she? Preparations must now be made for Article 7 proceedings against Malta. The EU Commission must also no longer tolerate the breach of agreements with the EU on the sale of passports by Malta. There must also be immediate consequences for Malta: Muscat should leave sooner rather than later. Maltese citizens rightly demand his immediate resignation ».
Yesterday’s disappointing remarks by Commission President Von der Leyen can be found here:
« Last topic in the [EU commission] College meeting was Malta. I am concerned by the recent developments in Malta; we’re following the situation very closely. To be very clear on that: We harshly condemn the murder of journalist Daphne. Her murder was an attack on the free media. Free media is THE foundation of our democratic society. Journalists must feel safe to work in Europe. If not, democracy as we know it will be under threat.
I will not comment on ongoing national investigations. However, what I will say is that I expect there to be a thorough and independent investigation, free of ANY political interference. Europol is in Malta, it is providing support to the Maltese authorities. It is crucial that ALL those responsible are brought to justice asap.
The [EU] commission is also in touch with the Maltese authorities on the reform of the judicial system and will continue to work with the authorities to accelerate these reforms. »
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Malta: Sven Giegold will participate the urgent mission of the European Parliament
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Already this Tuesday and Wednesday an urgent mission of the European Parliament will visit Malta. According to the draft programme the cross party group of MEPs will speak with the most relevant public institutions, media, NGOs and the family of Daphne Caruana Galizia. The mission takes place in the framework of the Rule of Law Monitoring Group (RoLMG). Sven Giegold will join the group as a substitute for the Green members of the RoLMG. Media may follow the mission but can normally not participate any of the meetings.
MEP Sven Giegold, financial and economic policy spokesperson of the Greens/EFA group commented:
“More than two years ago Daphne Caruana Galizia was murdered. Some of the best European investigative journalists have continued her work. Despite of all their revelations not one suspect of relevance has been convicted or indicted at least for a long time. The series of serious crimes in Malta’s financial services sector has been complemented by new episodes. Most importantly prime minister Muscat needs to explain how he wants to stand for the rule of law after he held on to wrongdoing ministers for years. For all these reasons, it is high time that the European Parliament sends a new mission to Malta in order to question the functioning of the rule of law in Malta.
As always I am looking forward to receiving hints, documents and inside information which can help fulfilling the objectives of our mission.“
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Malta’s Prime Minister Muscat resigns: Malta’s chance for a fresh start
Malta’s PM to resign in January amid journalist murder scandal
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It has just been announced that Maltese Prime Minister Joseph Muscat will resign shortly. This step was overdue. Following recent revelations and arrests in his immediate vicinity, Muscat is finally taking responsibility, two years after the murder of government-critical journalist Daphne Caruana Galizia.
MEP Sven Giegold, financial and economic policy spokesperson of the Greens/EFA group commented:
« Joseph Muscats resignation was long overdue. But his resignation must not be a substitute for a comprehensive investigation into the murder of Daphne Caruana Galizia. Financial crime and corruption on the island must end. Those responsible must be identified and convicted. We owe this not least to Daphne and her family. Joseph Muscats resignation is also due to the international and Maltese journalists who continued Daphne’s work after her death and the immense public pressure, especially from Malta’s civil society. Muscat’s resignation today could be a fresh start for Malta. Malta needs a new business model without financial crime and tax dumping that will be sustainable in the long run. »
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https://sven-giegold.de/malta-citizens-demand-resignation-pm/
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Chief of staff Keith Schembri has resigned: International investigation would restore trust in Malta’s rule of law
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Today, Keith Schembri the Chief of Staff of the Maltese Prime Minister Joseph Muscat resigned following the arrest of businessman Yorgen Fenech last week in connection with the investgation into the murder of Daphne Caruana Galizia. Fenech owns the company 17 Black, which appeared in the ‘Panama Papers’ with connections to Schembri and Tourism Minister Konrad Mizzi. The connections were uncovered through the work of Daphne Caruana Galizia. The investigation into the murder of Daphne Caruana Galizia’s is on-going.
Sven Giegold, Greens/EFA MEP who visited Malta following the murder of Daphne Caruana Galizia, comments:
« Schembri’s resignation was overdue, his involvement in the Panama Papers and questionable deals in the energy sector have been known about for years. The fact that it has taken so long for Schembri to resign raises serious questions around the judgement of Prime Minister Muscat who has protected him, despite numerous revelations from journalists including Daphne Caruana Galizia. The Maltese judiciary must investigate the murder of Daphne Caruana Galizia free of political influence and must not shy away from questioning members of the government if they are implicated in the investigation.
« An international investigation is now needed to clarify any potential links between the murder of Daphne Caruana Galizia and the involvement of the Maltese government. An international investigation could be carried out by recognised judges and personalities and would restore international confidence in Malta’s rule of law. There must be just for Daphne Caruana Galizia and her family for Malta to move forward. »
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La femme d’affaires Yorgen Fenech a été arrêtée à Malte dans le cadre du meurtre de la journaliste Daphné Caruana Galizia. Sven Giegold demande la démission du Ministre du Tourisme et de son chef de cabinet :
https://sven-giegold.de/arrest-in-malta-daphne-caruana-galizia/
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La Deutsche Bank se retire de Malte ( octobre 2019) – la réaction de Sven Giegold , Verts européens :
https://sven-giegold.de/deutsche-cutting-ties-with-malta/
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Malte, le » Panama européen « , dans la tourmente avant les élections
Jour de débat à la vénérable université de Malte. L’institution a beau avoir près de 250 ans, rarement l’atmosphère aura été aussi électrique dans le grand amphithéâtre. Pour voir s’affronter les principaux candidats aux législatives du samedi 3 juin, les étudiants ont fait l’objet d’une fouille serrée. Des vigiles patrouillent attentivement dans les travées. Malgré cela, les insultes fusent, les supporters des deux principaux candidats en viennent presque aux mains. Depuis quelques semaines, l’ambiance est pourrie sur la petite île au sud de la Sicile. Les 430 000 habitants du plus petit pays de l’Union européenne, qui en assure actuellement la présidence tournante, se déchirent violemment au sujet des scandales qui entourent leur jeune premier ministre. Elu en 2013 à 39 ans, le travailliste Joseph Muscat affiche un bilan économique flatteur, mais reste empêtré dans les » Panama papers « . La gigantesque fuite de données du cabinet panaméen Mossack Fonseca avait permis de découvrir, en avril 2016, que deux de ses proches – son chef de cabinet et son secrétaire d’Etat – avaient ouvert une société off-shore au Panama, juste après leur arrivée au pouvoir, pour abriter discrètement des comptes gérés via une fondation néo-zélandaise. Selon un rapport confidentiel des services antiblanchiment maltais, ces comptes auraient notamment permis à Keith Schembri, -le chef de cabinet, de percevoir 166 000 euros de pots-de-vin payés par trois citoyens russes qui ont acheté des passeports par l’intermédiaire du très opaque » programme d’investissement individuel « , qui permet d’acquérir la nationalité maltaise pour environ un million d’euros. Un programme mis en place par M. Muscat, et qu’il a toujours défendu malgré les protestations de l’opposition. Mais Malte n’est pas l’Islande, où le premier ministre, titulaire d’un compte secret aux îles Vierges britanniques, avait tenu trois jours seulement avant de devoir présenter sa démission. A La Valette, les deux hommes sont toujours en place. Et la police a enterré les rapports de l’agence antiblanchiment sans même ouvrir d’enquête. » Nettoyer le pays « Cependant, le scandale a pris un nouveau tournant fin avril, lorsqu’une ancienne employée d’une discrète microbanque d’affaires, la Pilatus Bank, ouverte sur l’île dans des conditions douteuses en 2015, a assuré que la femme du premier ministre était la véritable bénéficiaire d’une troisième compagnie enregistrée au Panama par Mossack Fonseca. Elle explique même que la famille du dictateur azéri, Ilham Aliyev, également cliente de cette banque, aurait fait des virements d’un million de dollars sur le compte géré par cette société. Et ce alors même que M. Muscat signait un accord avec l’Azerbaïdjan pour construire une centrale thermique alimentée par du gaz azéri. Ces nouvelles informations sont difficilement vérifiables, mais font alors l’effet d’une bombe. Cette fois-ci, la justice décide d’ouvrir une enquête. Le soir même, le directeur de la banque, un Iranien, est filmé par une caméra de télévision en train de sortir des locaux en pleine nuit avec des valises. M. Muscat réfute catégoriquement les allégations sur sa femme, mais annonce dans la foulée des élections anticipées en dénonçant » les attaques de ceux qui veulent me jeter en prison « . Depuis, il fait campagne en répétant qu’il est sûr que la justice le blanchira et qu’il est victime d’une possible tentative de manipulation russe. Face à lui, son opposant, Simon Busuttil (Parti nationaliste, centre-droit) promet de » nettoyer le pays « du » gouvernement le plus corrompu de l’histoire maltaise « . Dans une île où la politique est d’abord une histoire de famille, et déclenche des émotions comparables à la religion ou au football, chaque camp peut compter sur » ses » médias pour relayer ses accusations, la plupart des télévisions et journaux se trouvant sous le contrôle direct d’un des deux partis. Tous les dimanches, après la messe, les militants se rassemblent par milliers pour acclamer leur champion et conspuer son adversaire. » On a rarement vécu autant de tensions « , assure le troisième homme de la vie politique locale, l’écologiste Arnold Cassola. Ce professeur de littérature maltaise n’a jamais obtenu un seul siège au Parlement du fait du système électoral, qui favorise le bipartisme et le clientélisme. » Malte n’est pas un pays européen normal. Ici, le gagnant des élections prend tous les postes de toutes les insti-tutions de l’Etat « , se désespère-t-il. Ce clientélisme profite d’une situation économique très dynamique. Un peu partout sur le bord -de mer, des immeubles ultra-luxueux sont en construction. M. Cassola le constate : » Beaucoup de gens disent : “Tout va bien, j’ai de l’argent en poche, et je me fiche -de la corruption et des Panama papers-.” « M. Muscat promet aux Maltais de leur donner, s’il est réélu, un jour de congé pour compenser chaque jour férié qui tombe le week-end, des baisses d’impôt, des hausses des retraites. Et des rénovations de route financées… en vendant encore plus de passeports ! Et ça marche : les sondages lui prédisent la victoire. Longtemps protégées par la distance et l’isolement, les pirateries maltaises commencent à agacer le reste de l’Europe. Et pas uniquement parce qu’en annonçant des élections anticipées en plein milieu de sa présidence tournante du Conseil européen, M. Muscat complique le travail à Bruxelles. » La pression des opinions européennes sur la concurrence fiscale agressive est de plus en plus forte « , rappelle l’eurodéputé allemand Sven Giegold (Verts), membre de la commission d’enquête du Parlement européen sur les Panama papers, qui a convoqué M. Muscat pour qu’il vienne s’expliquer sur ces accusations de corruption. Sans succès jusqu’à présent. Une réputation écornéeLe 10 mai, le ministre des finances du puissant Land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est allé jusqu’à qualifier Malte de » Panama européen « , après s’être procuré le peu transparent registre du commerce maltais. Registre qui a servi à des révélations du réseau de médias European Investive Collaboration, qui a encore écorné un peu plus la réputation du pays. Face à cette offensive, Malte ne compte pourtant rien changer. » Ce genre d’allégations de corruption existe partout en Europe. Nous avons les institutions judiciaires appropriées pour les traiter. Et nous avons le même régime fiscal depuis notre adhésion à l’UE il y a treize ans et cela n’a jamais posé de problème « , proteste Kenneth Farrugia, président de Finance Malta, l’organisme de promotion de la place financière maltaise. Le projet d’harmonisation de l’impôt sur les sociétés au niveau européen n’a d’ailleurs pas avancé d’un iota sous la présidence maltaise. Pas question de briser les rêves de prospérité de l’ancienne colonie britannique, qui compte profiter du Brexit pour devenir la porte d’entrée du Commonwealth dans l’UE. Peu importe que l’île soit déjà surpeuplée et que la place libre s’y fasse de plus en plus rare. Jean-Baptiste Chastand © Le Monde
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Un rapport des Verts européens décortique le paradis fiscal de Malte :
Dans un rapport, les parlementaires dénoncent les pratiques fiscales de l’archipel méditerranéen, qui prend la présidence de l’Union européenne pour six mois.
LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le |Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Les élus Verts du Parlement de Strasbourg n’ont pas fait les choses au hasard. Ils rendent public, mercredi 11 janvier, un rapport sur la fiscalité particulièrement attrayante de Malte, le jour où le plus petit Etat européen inaugure symboliquement sa présidence tournante de l’Union (elle durera jusqu’au 1er juillet 2017). Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, devait lancer l’événement mercredi depuis la capitale, La Valette, en compagnie du premier ministre maltais, Joseph Muscat.
Dans ce rapport précis et pédagogique, les Verts décortiquent les facilités proposées notamment aux sociétés de trading installées dans l’île. Principal avantage offert : leurs profits sont certes taxés comme le veut la loi maltaise à hauteur de 35 %, mais quand leurs actionnaires (qu’ils soient ou non résidents) se voient verser des dividendes sur ces profits, ces derniers sont assortis d’un remboursement, par l’Etat maltais, à hauteur des 6/7es des impôts versés initialement. Le taux d’imposition effectif pour les bénéficiaires ultimes des sociétés tombe alors à… 5 %.
Lire aussi : Lutte contre l’évasion fiscale : l’Europe passe de la théorie à la pratique
Seulement 200 millions de recettes fiscales annuelles
Malte propose aussi un régime particulièrement conciliant pour la taxation de la propriété intellectuelle et – à en croire les Verts – ne fait pas sérieusement la chasse à la fraude fiscale. Le pays ne vérifierait pas systématiquement que les sociétés installées sur son territoire ne profitent pas d’incohérences de traitement fiscal qui aboutiraient à des doubles « non-taxations » (elles ne sont imposées ni à Malte ni dans le pays de leur maison mère).
Toutes ces facilités pour les multinationales représentent un important manque à gagner pour l’Etat maltais. A en croire le rapport, il n’a reçu que 200 millions d’euros de recettes fiscales par an à cause du remboursement fiscal pour les actionnaires des sociétés de trading. Sans cette disposition, il aurait dû percevoir entre 3,5 milliards et 4 milliards d’euros…
Lire aussi : « Panama papers » : le gouvernement maltais surmonte une motion de censure
Ces pratiques sont si contestables, estiment les Verts, que Malte aurait des raisons de figurer sur la liste des paradis fiscaux que veut dresser Bruxelles d’ici à la fin de 2017. Problème : la Commission et le Conseil – la réunion des pays membres – ont exclu qu’un Etat de l’Union puisse y figurer… Et, jusqu’à présent, à Bruxelles, une certaine tolérance a prévalu en ce qui concerne les petits Etats membres, pas gâtés par leur positionnement géographique ou leurs ressources propres, dont la fiscalité est souvent le seul moyen de rendre leur territoire attrayant (l’Irlande, les pays baltes…).
Accessible à toutes les sociétés sans discrimination
Malte n’est pas non plus dans le collimateur de la Commission, contrairement au Luxembourg, à la Belgique, à l’Irlande ou aux Pays-Bas, au sujet des rulings, ces accords préalables signés entre les fiscs et les multinationales. Et pour cause : les gros cadeaux fiscaux de l’archipel méditerranéen sont accessibles à toutes les sociétés sans discrimination. Or, la Commission ne peut condamner que les pays qui privilégient un acteur économique plutôt qu’un autre (dans le cas de figure des « aides d’Etat » illégales).
Lire aussi : « LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationales
Le pays va-t-il, pour autant, prendre le relais de la Commission – comme il le devrait théoriquement, puisqu’il est chargé de la présidence de l’Union – et soutenir politiquement son ambitieux agenda en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales de la Commission ?
Or, les Verts relèvent que Malte fait partie de ceux qui, en décembre 2016, ont manœuvré pour que la proposition de la Commission d’un état des lieux pays par pays des profits des entreprises ne puisse être entérinée qu’à l’unanimité des Etats membres (et plus à la majorité qualifiée), rendant son adoption plus hypothétique.

- Correspondante à Bruxelles
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