Conférence sur le financement du développement : un accord decevant
Mobilisation d’ActionAid contre l’évasion fiscale en Grande Bretagne
La troisième Conférence sur le Financement du Développement qui s’est tenue à Addis Abeba, en Ethiopie, s’est terminée jeudi 16 juillet sur un document d’accord fort décevant, adopté après de longues et difficiles négociations.
Les Etats du monde entiers se sont réunis à Addis Abeba afin de définir les moyens de financer les Objectifs du Développement Durables et d’éradiquer la pauvreté. Le programme d’action adopté constitue cependant un réel échec dans la définition d’une politique concrète et ambitieuse.
Les débats se sont notamment cristallisés sur la création d’un organisme international en matière fiscale, mais les États ont échoué à parvenir à un accord. De nombreux pays en développement, réunis au sein du G77, ont pourtant soutenu fortement sa création. Un tel organisme aurait réuni pour la première fois tous les États sur un pied d’égalité, afin de réformer les règles fiscales qui permettent aux entreprises multinationales de pratique l’évasion fiscale. Cependant, les négociations ont échoué sous la pression forte des pays du Nord, dont la France, qui souhaitent garder la main-mise sur ces questions, débattues entre pays riches sein de l’OCDE.
Cette décision est un échec consternant et un coup dur porté à la lutte contre la pauvreté et l’injustice. Les pays en développement, qui perdent des milliards de dollars chaque année à cause de l’évasion fiscale, n’ont toujours pas voix au chapitre afin de réparer le système fiscal international, injuste et archaïque.Cet argent perdu pourrait permettre de financer l’éducation, les services de santé et les autres services publics afin de réduire la pauvreté et les inégalités. Tandis que les multinationales prospèrent, les plus pauvres et marginalisés continuent de souffrir
Martin Hojsik, responsable de la campagne Tax Power d’ActionAid
Par ailleurs, le secteur privé est sans cesse mis en avant comme un acteur clé du financement du développement, sans pour autant définir des mesures pour encadrer les activités des entreprises et s’assurer qu’elles respectent les droits humains. Il y a un risque réel que les entreprises poursuivent avant tout leurs profits, sans contribuer réellement au développement local.
La conférence d’Addis Abeba devait trouver les moyens de financer l’éradication de la pauvreté, mais ce sont finalement les intérêts des plus riches et des entreprises qui ont primé, bien avant ceux des pays en développement et des personnes les plus pauvres.
Ce manque de volonté politique pour amener un réel changement est un signal inquiétant, en amont de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre.
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